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En cellule, mon amie… (Les Baumettes, 2014)

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En cellule mon amie
La solitude est ton amie
Oublie, oublie tous tes amis
La porte se ferme, t’es condamné
Peux-tu me dire combien d’années ?
Mandat de dépôt faut patienter…
Ma vie c’est comme dans avatar
Que je la rêve, beaucoup de cauchemar
Je rêve du parloir et du mitard
Quand je me couche le soir je rêve
Qu’un avion passe et qu’il m’enlève
La vérité… ils m’ont hagard
J’ai grandit seul comme un bâtard
La France ne fait que d’me décevoir
Que dire quand j’apprends son histoire…

 Les historiens ont un peu tort
L’éducation nous ment, à mort !
Pourquoi cacher vos torts ?
Et les jeunes ils les endorment.
Et la prison ben c’est l’école
Pour faire le vice et bien le vol
Mon pote on vit une drôle d’époque !
Ma mère sais-tu comme elle me manque ?
Mon cœur devient de glace un bloc
Je n’suis plus sur terre je suis là, je flotte
Même vivant, ta vie on t’ôte
Ils sont les maîtres et nous les hôtes
Aucun respect pour l’invité
Leur politesse nous a humilié
L’homme s’habitue comme il est niais
Violence devient banalité
Il y a tant de mutilés
De pendus ou de moutonnés
Il est gentil l’homme quand il naît
our l’adoucir faut l’aimer
Pour lui donner l’envie d’aimer
On veut punir, on veut châtier
Cela manque d’efficacité
L’ordre ne naît qu’avec respect
Sans ça, ça donne des rancuniers
Qui savent plus vivre en société
Y sont perdus et dépassés
Restés bloqués sur le passé
Dedans la vie s’est arrêtée
Une heure c’est comme l’éternité

Par des espoirs c’est habité
Par toute la criminalité
Suis-je sensé me réhabiliter ?
Mettre en prison devient banal
Ils font du droit mais immoral
Oú va le monde ? quel dommage
On peut sortir du marécage
Faire de l’emploi moins de chômage
Et mettre fin à ce carnage
Les riches dans le bonheur nagent
Beaucoup de pauvres en esclavage
Tu sors de la page tu vas en cage
Le capitalisme fait des ravages
Il faut s’aider pour progresser
Au lieu de ça vous spéculez
Le blé, le lait, toutes les denrées
Sachant très bien c’qui va se passer
Ça devient une chance de manger
Faudra peser pour grailler frais
Sera lésé celui privé
D’un taf très bien rémunéré
Majorité en pauvreté
Minorité et très aisés
Aujourd’hui, le bien, qui le fait ?


Kamel Bouabdallah, Les Baumettes, 2014

 

Solidarité avec Kamel depuis plusieurs coins du monde

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Il y a plusieurs mois, suite à une rencontre avec le collectif de Kamel, « Le collectif Kamel Libre » un échange sincère autour des conditions en prison et de la survie dans ces centres d’extermination a eu lieu. À ce moment-là, le journal indépendant, anti- carcéral et de combat « El Canero » faisait son apparition en France, dans sa version française, si on peut dire, il venait d’être traduit. La proposition de participer à ce journal a été transmise à Kamel, ce qui a permis la publication de plusieurs de ses écrits dans le Journal « El Canero numéro 4 », cette initiative qui est née depuis les entrailles de la prison Nord de la Ville de Mexico a réussi à voler et un petit échange d’expériences partant du cœur, de la rage et des paroles des compagnon-n-e-s prisonnier-e-s a pu avoir lieu. Fernando Barcenas qui a lancé cette proposition décrit ce journal comme un projet qui contribue à diffuser la lutte anti-carcérale en tissant un lien de communication entre les prisonniers et l’extérieur. Grâce à ce journal les paroles de Kamel sont arrivées jusqu’au Mexique et aujourd’hui, nous, collectifs signataires de cette lettre, voulons exprimer notre solidarité avec Kamel, sa famille, son collectif et ses ami-e-s, nous voulons vous dire que vous n’êtes pas seuls, que vos pensées, votre rage et votre cœur rebelles ont dépassé les frontières géographiques qu’ils s’obstinent à vouloir nous imposer.

Nous venons d’apprendre et nous nous faisons l’écho de la situation dans laquelle se trouve Kamel ; Kamel Bouabdallah, a 28 ans, il a vécu derrière les barreaux depuis l’âge de 15 ans, sa libération est prévue pour 2044. Aujourd’hui Kamel se trouve enfermé à l’Unité Hospitalière Spécialement Aménagée [l’UHSA du Vinatier] unité pénitentiaire au sein d’un hôpital psychiatrique. Il est actuellement enfermé à l’unité C « d’accueil et de soins intensifs » destinée à la gestion des « crises » et des « malades psychiatriques difficiles » et/ ou ayant des « troubles importants du comportement » ce qui signifie  : vivre dans une chambre d’isolement, camisole, portes des cellules fermées, impossibilité de circuler sans l’accompagnement du personnel soignant… La « cour » y est semblable à une « cour » de quartier disciplinaire : un cube de béton de 20 m2 avec des grillages au-dessus. Les surveillants pénitentiaires s’occupent des parloirs, du courrier et aussi des « démonstrations de force » quand il s’agit d’intervenir dans la « zone de soins » et ce à la demande des infirmiers de cette institution.

Nous savons que Kamel souhaite que les gens soient nombreux à le soutenir lors de son procès à la cour d’appel de Grenoble le 20, 21 et 22 juin 2016.

Nous, par ces brèves lignes, voulons te dire, Kamel, que nous sommes nombreux à nous opposer à la perpétuation de ces centres de mépris, de douleur et d’extermination, que notre lutte s’inscrit dans la destruction de ces centres, pour la disparition de ces lieux conçus pour être les poubelles sociales dont l’État se sert pour éliminer des milliers d’hommes, de femmes, de jeunes d’en bas. Notre lutte s’inscrit jusqu’à ce que nous soyons tous et toutes libres, aujourd’hui, nous voulons te dire Kamel, que nous sommes là, et nous ne pouvons pas faire comme si de rien n’était, nous ne restons pas indifférents.

Depuis plusieurs endroits nous te serrons dans nos bras avec toute notre solidarité.

Ne te décourage pas Kamel, face aux griffes de ce système pénitentiaire, ne te décourage pas… courage, toujours courage !

En Solidarité :

- Groupe de Travail « Nous ne sommes pas tous et toutes là » Chiapas, Mexique
- Croix Noire Anarchiste de Mexico, Mexique
- La Voix de prisonniers Zapotèques Xiches en Prison, Oaxaca, Mexique
- Depuis la prison d’Ixcotel : Alvaro Sebastián Ramírez, prisonnier Loxicha, Oaxaca, Mexique
- Mère du jeune prisonnier Luis Fernando Sotelo Zambrano. Mme. Celia Zambrano, Mexique
- Les Trois Passants, Toulouse, France

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Lettre aux responsables de l’hôpital psychiatrique pénitentiaire du Vinatier

Au mois de février 2016, Kamel a été transféré  en UHSA (unité pénitentiaire au sein d’un hôpital psy). Là-bas, il a été attaché avec des sangles de contention, cachetonné… La lettre ci-dessous a été envoyée au centre hospitalier du Vinatier (Bron, 69) : au responsable de l’unité C de l’UHSA, au responsable de l’UHSA et au chef du pôle Santé Mentale des Détenus – Psychiatrie Légale et une copie adressée à divers organisations et institutions de défenses des droits.
Peu de temps après réception de la lettre, la dose de médicaments injectée a été diminuée. Kamel a été transféré à nouveau à la Maison d’Arrêt de Varces début mars.

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Marseille, le 9 février 2016

Madame, Messieurs,

Nous vous écrivons pour vous faire part de notre inquiétude concernant Monsieur Kamel Bouabdallah,  né le 17 novembre 1987, actuellement pris en charge dans votre service, au sein de l’Unité Hospitalière Spécialement Aménagée.
Incarcéré à la Maison d’arrêt de Grenoble – Varces, Monsieur Bouabdallah a été transféré le 30 janvier 2016 au centre hospitalier du Vinatier. Il venait d’apprendre l’imminence de la date de son procès en appel aux assises, le 20 juin. Ré-enfermé depuis cinq ans et sachant qu’il encoure une peine de 30 ans de réclusion, on peut aisément comprendre que cette information tant attendue l’ait secouée et qu’il ait ressenti le besoin d’être aidé.
Le samedi 6 février, sa mère et sa sœur ont pu lui rendre visite à l’UHSA. Elles ont été très choquées de voir l’état dans lequel se trouvait leur proche, n’arrivant même plus à parler ou à effectuer les gestes les plus simples.
En plus des effets secondaires inconfortants, il est probable qu’une dose trop élevée de médicaments provoque ce ralentissement des perceptions et des réactions, cette confusion dans l’espace et le temps. Une médicamentation à outrance, loin d’être une solution thérapeutique idéale, risque d’avoir des conséquences dramatiques, pour son état de santé, son estime de soi, mais aussi concernant sa situation juridique et donc son avenir. A seulement quelques mois de son procès, il est essentiel que Kamel Bouabdallah puisse préparer sa défense avec l’entièreté de ses capacités intellectuelles et cognitives.
Par la présente, nous vous prions de bien vouloir tenir compte de cette situation lors de l’administration de soin à l’intéressé et en conséquence, de baisser les doses de traitement chimiques et d’encourager les alternatives thérapeutiques aux médicaments.

Malgré sa difficulté à parler, Monsieur Bouabdallah a exprimé son souhait de quitter l’hôpital, ce qui rend peu probable le fait que les soins prodigués à l’intéressé l’ait été avec son entière approbation et sans aucune contrainte.
Il nous semble judicieux que l’hospitalisation de Kamel Bouabdallah puisse être levée le plus rapidement possible afin qu’il puisse retourner en maison d’arrêt où il pourra bénéficier de l’appui de ses conseils, Maître Lévy-Soussan et Maître Girault, tous deux exerçant à Grenoble.

Nous vous remercions de bien vouloir faire en sorte que notre proche puisse retrouver la dignité et la force nécessaire pour traverser les dures épreuves qui l’attendent.

Veuillez recevoir nos cordiales salutations,

Famille et amis de Kamel Bouabdallah.

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¡ Siempre la Libertad ! Rencontres autour de l’enfermement et de l’Amérique latine

C’était le samedi 25 avril 2015, avec un beau programme…

Dès 16h…
Lectures bilingues de poésie latino-américaine (Mexique, Guatemala, Honduras, Chili…) et de textes des poètes José Manuel Torres Funes et Laurent Bouisset par eux-mêmes.
Lectures de poèmes et d’écrits de l’intérieur des prisons.
Discussion (et projection) sur la disparition des 43 d’Ayotzinapa et ses répercussions sur la situation sociale au Mexique et présentation du collectif et des initiatives en solidarité prévues sur Marseille.

Dès 20h…
Repas mexicain (tamales salés ou sucrés, empanadas vegan, frijoles con chorizo, sangria…).

Dès 21h…
Open mic hip-hop (ramenez vos textes et instrus !)
MJS Loops (Ragga World avec Jagdish Kinnoo – chant et ravanne, Georgio Mouna – guitare et machines, Laurent Sarthou – accordéon)

Organisé par les collectifs Kamelibre, Fuego del fuego et amis.

¡ basta carceles ! ¡ basta fronteras !

Face à la prison

C’était le 17 janvier 2015.

Cette journée Face à la prison, sera l’occasion de partager un moment de rencontre autour de la thématique “Comment survivre, résister, lutter, en prison comme dehors, aujourd’hui ?”
Il nous semble essentiel, aujourd’hui plus que jamais, de prendre le temps, tous et toutes ensemble, de partager un temps de discussion autour de ces pratiques liées à la survie, à la résistance, et aux luttes, qui ont lieu dans et à l’extérieur des prisons.

Partager ces expériences, ces histoires vécues, ces pratiques, c’est refuser l’isolement qu’on nous impose, dans et hors des taules. C’est reprendre en main une partie de ce qui fait de nous des individuEs. C’est arracher un petit bout de liberté au milieu de cette société carcérale, qui voudrait tous et toutes nous voir soumisEs et obéissantEs.

C’est pourquoi nous vous invitons vivement à venir participer à cette discussion, à partir de 18H, à laquelle seront présents des collectifs de solidarité contre la taule, des proches de personnes incarcérées, des ancienNEs prisonnierEs et des individuEs qui se battent contre la prison, et le monde qui va avec.

Écouter un enregistrement son d’un extrait de la discussion. (Télécharger)

 

Il y aura tout au long de l’après-midi et de la soirée la possibilité d’écouter des documents audios qui parlent de la prison (émissions de radios anticarcérales, textes de témoignages), de lire de la documentation ou des brochures, de voir un film sur les mutineries des maisons d’arrêt de Toul et de Nancy dans les années 70.

A partir de 20h30, un moment pour partager un repas vegan ensemble, et à partir de 21h30, un concert de hip hop avec RPZ, L’Amiral, Ladja, Cerna, çA, Chiraz et un open-mic tout au long de la soirée, ainsi que des interventions, lectures de textes etc.

Entrée libre. Prix libre, maximum de solidarité avec le collectif Kamelibre.

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“Même leurs meilleures intentions créent nos pires réalités. L’abolition de la peine de mort a aboutie à un allongement des peines. Les peines infligées sont tout les jours plus lourdes, les aménagements de peines sont a présent inexistants ou tardifs et avilissants. Les nouvelles prisons et leurs techniques d’anéantissement sont plus efficaces. On laisse mourir a petit feu ou au mieux on laisse sortir psychologiquement démoli et dépossédé.”

Une des proies de ce système mortifère est Kamel Boubdallah. A 27 ans, il a déjà passé plus de 10 ans en prison. Il est actuellement incarcéré à la maison d’arrêt des Baumettes, à Marseille. En juin 2014 il a été condamné à 25 ans de réclusion pour vol à main armée et pour une prétendue tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique. Il a fait appel. Aujourd’hui Kamel parle de sa volonté de se réinsérer, il dénonce la spirale prison-délinquance-prison qui détruit trop de vies. Mais la justice pourrait confirmer son élimination sociale avec une condamnation pouvant aller jusqu’à la perpétuité (30 ans). Suite à des actes de résistance à l’intérieur il a déjà été condamné à d’autres peines.

A travers des événements comme “FACE A LA PRISON” le collectif Kamelibre entend faire parler de l’histoire de Kamel, mais surtout créer des rencontres entre personnes confrontées à la prison, pour s’entraider et faire connaître ce qui se passe à l’intérieur. La journée du 17 janvier sera aussi l’occasion de récolter de l’argent pour payer ses frais de défenses et subvenir à ses éventuels besoins. Un moyen de mettre notre solidarité en pratique, une occasion de réfléchir ensemble à des moyens de faire face à la prison. Toute autre initiative en solidarité avec Kamel est la bienvenue. Pour toutes infos supplémentaires concernant Kamel vous pouvez nous écrire à l’adresse kamelibre.collectif@gmail.com